La destination de ce vendredi est un peu particulière. Pas qu’elle soit plus exotique que les précédentes puisqu’on vous emmène au Portugal, mais le Portugal, c’est le pays de cœur et de sang d’une partie de Vendredi. Une part donc de son identité.
Sans pouvoir l’expliquer, plus les années passent et plus il semble que cette “appartenance” portugaise veut prendre le dessus. Une forme de nostalgie (le joli mot qu’on utilise quand on vieillit) qu’ici on nomme saudade. Celle de ces étés de transhumance à travers la France, puis l’Espagne, pour finalement traverser la frontière après plus de 24 heures de voyage, dans une voiture sans clim, cachés derrière les serviettes de bains qu’on accrochait aux vitres arrières pour se protéger du soleil. Celle des processions du 15 août au village. Celle encore des excursions au marché voisin dans un joyeux bazar mêlant locaux, émigrés et fils d’émigrés partis en France ou en Suisse pour fuir la dictature, le tout sur ce fond d’air sec et brûlant de l’hypercentre du Portugal en plein mois d'août.
Cette fois-ci le voyage se fera en mars à quelques jours de l’arrivée du printemps. Quelques jours de repos initialement prévus au nord du Pacifique que Vendredi passera finalement à s’apaiser au son de l’Atlantique… Ses vagues gigantesques, sa houle matinale, sa brume qui s’élève et laisse peu à peu place au soleil dont on voudrait qu’il réchauffe autant nos corps que nos âmes.
Un voyage un peu plus personnel, celui de l’attente. Quelques jours à patienter ici, avant que mamie Maria ne traverse une dernière fois ces frontières qu’elle a empruntées tant de fois : dans un sens, pour s’échapper de l’avenir que lui réservait son village natal d’abord, puis dans l’autre, pour rejoindre, chaque année ensuite, ses terres et sa famille.
Quelques jours à l’attendre au bord des falaises du haut Algarve, à deux heures du village où les larmes ne pourront pas gâcher les souvenirs heureux qui y ont été partagés. Ces paysages du sud du Portugal, à la frontière de l’Alentejo (nous y viendrons vite promis), qui apaisent Vendredi depuis des années parce qu’ils sont encore de ces petits endroits préservés qu’on n’aime partager qu’avec les plus proches. Ceux à qui on fait confiance pour ne pas ébruiter ces coins de paradis oubliés des voyagistes. Quelques jours donc pour se reconnecter à son ADN. A ces saveurs d’enfance qu’on ne retrouve pas dans les endroits les plus à la mode, mais seulement dans les restaurants où l’on mange la cuisine du cœur. C’est ce Portugal que Vendredi souhaite partager. On abandonne les restaurants fancy de Lisbonne et Porto et on s'enfonce ici dans un Portugal authentique.
On est loin des images de l’Algarve de Lagos ou Albufeira qu’on laissera bien volontiers aux retraités anglais et allemands qui y ont élu domicile 6 mois l’an dans des immeubles sans charme des années 80.
Entre la ville d’Aljezur, porte d’entrée de la région depuis Lisbonne et Sagres, l’extrême pointe de la façade Atlantique de la péninsule, on est loin des plages bondées et des parkings saturés, même l’été. Ici, on goûte un autre Portugal. Un Portugal sans artifice. Celui des parasols colorés et du sable qui s’accroche. Celui des vagues qui vous retournent en une seconde tant l’océan s’emploie avec force. Celui du sucre qui colle aux doigts après avoir englouti un beignet fourré à la crème aux œufs, le fameux bolo de berlim (goûtez avant de juger!). Cette simplicité qui en fait un refuge parfait pour profiter des premières chaleurs du printemps et suivre, contemplatifs, le retour des hirondelles (andorinhas), cet emblème cher à la culture portugaise qui symbolise famille et fidélité.
Il est vrai qu’à force de fidélité quelques endroits sont devenus de vrais repères.
Difficile d’abord, de se lasser du spectacle qu’offre l’arrivée sur la plage de Monte Clerigo, ce minuscule village de bord de mer installé au milieu des dunes, avec ses quelques maisons roses et vertes qui surplombent la plage et ses trois petits restaurants. Rien d’autre que le son des vagues, et en saison estivale, celui du vendeur de beignets ! Pour faciliter la digestion, vous pourrez emprunter le chemin qui surplombe les falaises jusqu’au village suivant : Arrifana, sa côte déchirée et ses surfeurs ! LE village branché de cette petite bande de terre.
Sur la route qui vous mène plus au Sud, arrêtez-vous au village d’Azenha do mar. En contrebas, le port de pêche minuscule respire l’iode et l’authenticité. En haut, prenez une pause dans l’un de ses deux restaurants de la “place” du village : le Café Palinhas, notre préféré, vous offre une vue sur l’océan, parfaite au coucher de soleil.
Plus au sud encore, faites une halte au village de Carrapateira et baladez vous sur la plage de Bordeira, balayée par les vents qui soulèvent le sable de ses dunes encore sauvages. Avec ses maisons blanches dressées sur une petite colline, le village de Carrapateira est devenu, depuis quelques années, le spot idéal des surfeurs du monde entier. Entouré d’une nature encore préservée et de grandes étendues de sable, probablement parmi les plus belles du pays, pas étonnant que le village et ses alentours attirent de plus en plus de curieux. Une impression de bout du monde qui ne vous quittera pas de sitôt… A Bordeira, abordez la plage par le haut pour profiter d’un panorama à couper le souffle. La plage n’est pas toujours autorisée à la baignade en raison des forts courants qui la traversent, mais ces jours-là, vous profiterez d’une nature brute, loin des foules, alors tant mieux !
Où dormir
Praia do Canal Nature Resort : Ouvert en 2022, cet hôtel 5 étoiles offre 50 chambres et suites spacieuses, certaines avec balcon et vues sur l’océan, au milieu d’un parc de 220 hectares en pleine nature. (Attention la route pour y accéder est en terre et quelque peu cahoteuse). L’hôtel dispose d’une belle piscine extérieure, d’un SPA et met à disposition une carte connectée des randonnées à faire au départ de votre chambre. Suivez le chemin jusqu’à l’océan, une jolie plage de gros galets gris est au bout !
Lemon Lodge : Vendredi a hâte de tester cet hébergement unique fondé par des amis soucieux de leur impact sur l’environnement, niché dans les collines de Monchique à quelques kilomètres des plages.
Ou on loue une jolie maison avec 3 chambres dans l'arrière pays à 13 kilomètres d’Aljezur, la Casa da Oliveira.
Où manger
Café Palinhas : pour sa vue océan et son coucher de soleil. Commandez les moules ou les coques a bulhão pato (huile d’olive, ail et citron). Un classique dont on raffole ! N’oubliez pas l’assiette de fromages locaux.
Sea You Surf Café : pour ses toats mistas (croque-monsieur locaux) et ses salades healthy. Rendez-vous parfait des expats venus surfer les vagues d’Arrifana.
Un peu plus au Sud, testez Ribeira do Poço à Vila do Bispo, charmant village sur la route de Sagres. Dans l’Algarve, on teste une cataplana de poissons, du nom du plat dans lequel on mijote des pommes de terre, des poivrons, de la tomate, des oignons, des fruits de mer et différents poissons selon l’humeur du chef.
🎧 Comme il n’y a pas que le Fado au Portugal, on vous a concocté une petite playlist com amor.
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