Le Magne, ou la Grèce à l’écart des villages blanchis à la chaux

Ici, les villages sont en pierre et les routes sinueuses. On y croise plus de chèvres en liberté que de touristes en kaftan brodé aux couleurs des cyclades.

Vendredi
4 min ⋅ 05/04/2024

Les paysages sont arides. Méditerranéens, mais dans leur brutalité, leur rugosité. On traverse des villages isolés, certains hameaux sont même quasiment abandonnés. Tous en pierres grises, loin des représentations de la Grèce et ses villages blanchis qu’on trouve sur papier glacé. Des centaines de tours, caractéristiques de la région, se dressent au milieu de ces villages perdus à la beauté singulière que nous n'avions encore rencontrée nulle part ailleurs. On se retrouve rapidement en “safari”, au cours duquel on croise chèvres, cochons et autres animaux dits d’élevage qui se promènent ici en toute liberté, sur les routes quelquefois très abruptes de cette région sauvage, loin des ruelles pavées de Mykonos. Une autre Grèce.

C’est en voiture qu’il faut découvrir le Magne en longeant sa côte déchiquetée. 

Depuis Kalamata, on descend vers le Sud. Premier arrêt : Kardamyli. Un petit stop parfait dans une des tavernes du bord de mer avant un premier bain en mer Ionienne depuis le quai Tikla. 

Plus bas, après quelques virages (très) serrés, le minuscule port de Limeni. Instagram nous en avait vendu des photos paradisiaques à la légende évocatrice d’un village prétendument authentique mais une fois n’est pas coutume, Limeni nous a été survendu. Nous avons apprécié notre déjeuner au bord de l’eau (puis à l’intérieur pour cause d’averse) de la jolie taverne, avec ses chaises rouge et ses tables vertes, à gauche en entrant dans le village. Pour le reste, Limeni est minuscule et les restaurants italiens ou japonais qui viennent d’y ouvrir ne nous ont pas franchement fait nous sentir perdus au beau milieu du Péloponnèse. 

Plus authentique (pour de vrai cette fois), le village de Mezapos avec sa jolie crique prenant la forme d’une anse quasi refermée, parfaite pour se rafraîchir. Garez vous sur le Port korkorakis où mouillent également quelques jolies barques de pêcheurs. 

Quelques kilomètres plus bas encore, le Cap Tigani, un promontoire rocheux en forme de poêle à frire qui s’avance dans la mer et offre une balade cahoteuse jusqu’aux ruines du château du même nom, le Castle Tigani. Comme marcher creuse toujours, nous sommes tombés par hasard sur le restaurant Aspasia, dans le petit hameau de Stavri. Probablement un de nos plus jolis souvenirs de ce séjour en terre fortifiée grecque. Alors que la région est habituellement très calme à cette période de l’année, Vendredi a débarqué à 5 ventres affamés dans cet immense restaurant manifestement dédié aux réunions de familles et autres fêtes religieuses qu’on célèbre en grand nombre sous les tonnelles du jardin. Tout le personnel s’est plié en quatre pour nous offrir le plus gargantuesque des barbecues. Au milieu de toutes ces tables de jardin, ils nous ont donné l’agréable impression de rendre visite à de la famille éloignée, seuls dans ce hameau de quelques rues seulement. On y a mangé plus que de raison. Difficile de repartir autrement qu’en roulant (en voiture, ne soyez pas mauvais esprit!).

On rejoint ensuite le village de Gerolimenas, dont le nom signifie le « vieux port ». Jusque dans les années 1970, ce village n’était d’ailleurs accessible qu’en bateau. Aujourd’hui, le village vit du tourisme mais lors de notre séjour nous n’étions pas nombreux à avoir parié sur le Magne pour les ponts du mois de mai. Là encore, une sensation de bout du monde dans ce village quasi enclavé dans un bras de mer, qui a su garder son caractère rural. C’est ici que Vendredi établira son camp de base pour explorer le Sud de la péninsule.

Au sud toujours, on atteint le village de Vathia, dont les hautes tours fortifiées et les ruelles du vieux village abandonné pourraient presque nous filer la chair de poule. La route depuis, et au départ de Vathia offre de magnifiques points de vue sur les campagnes environnantes et les criques aux eaux turquoises qu’offre également le Magne (on est en Grèce tout de même !). C’est ici que nous avons profité des plus beaux paysages de la région. Depuis Vathia, rejoignez le Cap Ténare, le point le plus méridional de la Grèce continentale. Les férus de géographie (on vous voit) noteront que le Cap est bordé à la fois par la mer méditerranée (à l’est et au sud) et la mer ionienne (à l’ouest). Il faut environ 30 minutes de marche le long de la côte pour arriver jusqu’au phare, tout au bout du Cap.

Nous avons adoré Porto Kagio où viennent se mettre à l’abri quelques voiliers et dont la (presque) seule rue, qui borde la plage, vous emmène en quelques minutes jusqu'à l'église Agios Nikolaos en vous offrant de beaux panoramas sur les villages et criques alentour. Le calme absolu, avec pour seuls perturbateurs une vieille dame qui étend son linge, et un pêcheur qui nettoie son bateau. On s’assoit sur le banc de l’église, à l’ombre, et on profite de la beauté des lieux, en silence.


Où dormir

Kyrimai : Situé à l’entrée de la baie dans le village de Gerolimenas, Alexandros, le propriétaire a complètement transformé cet ancien entrepôt maritime qui appartenait à sa famille depuis plusieurs générations, pour en faire un boutique-hôtel les pieds dans l’eau, au charme un peu vintage. Le restaurant propose des plats traditionnels et d’autres plus revisités. Un régal dans les deux cas, le tout à l’abri du soleil sous la tonnelle face à la mer. 

Guesthouse Laoula : Nichée à proximité de l'hôtel Kyrimai, cette chambre d’hôtes dispose de sa plage privée ouverte sur la baie. Réservez l’unique chambre située au dernier étage, qui s’ouvre sur un rooftop pavé de tomettes couleur brique. Vous voilà enfin sur votre transat, dominant l'entrée du village par la mer bercé par les allers venues des barques de pêcheurs et des voiliers. Cette adresse a ce petit quelque chose qui vous fait immédiatement vous y sentir chez vous. 

Tainaron Blue Retreat : Situé à 2 kilomètres de Vathia, l’hôtel est organisé autour de sa tour de pierre du 19ème siècle et sa piscine extérieure offre une vue imprenable sur la mer et la montagne. Malheureusement l’hôtel n’est ouvert qu’en haute saison et nous n’avons donc pas eu la chance d’y séjourner mais ce n’est que partie remise. 

Où manger

Thodora’s Place à Limeni : La grand-mère de la famille qui tient cette petite taverne veille à ce que personne ne manque de rien depuis sa chaise d’écolière en bois rouge. Nous avons été très bien accueillis et les plats traditionnels étaient bons et copieux. Rien de surfait. Simple, efficace. 

Akrotainaritis Taverna à Gerolimenas : Pas le plus chaleureux des accueils, mais une nourriture excellente : goûtez aux poivrons farcis maison et à la moussaka. le restaurant est situé sur le port de Gerolimenas où il est facile de rester plusieurs heures à regarder les allers retours des bateaux de pêche et le balai des quelques ouvriers qui s’affairent avant que la saison estivale ne commence en apportant avec elle son lot de touristes (bien inspirés!). 

Fun fact : Dans la mythologie, le Cap Ténare est considéré comme l’une des entrées du royaume des morts, les Enfers. Orphée se serait rendu au cap pour demander au dieu Hadès, de ressusciter Eurydice, sa femme tuée par la morsure d’un serpent. Hadès accepta mais à la condition qu’Orphée ne se retourne pas vers elle tant qu’ils n’auraient pas quitté le royaume des morts… ce qu’il ne fit pas, et Eurydice mourra une seconde fois. 

🎧 On allait pas se quitter sans danser le Sirtaki : la playlist de Vendredi c’est par ici.

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Vendredi

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Par Vendredi Travel

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